Orientation post-troisième : Affelenet, comment ça marche ?
Mon fils entrera au lycée l’année prochaine. Le lycée à côté de chez nous a très mauvaise réputation. Y a-t-il un moyen de l’inscrire à celui situé de l’autre côté de la ville, bien plus prestigieux ? On m’a parlé d’Affelnet et de l’impossibilité de le contourner. Qu’en est-il ?
Stéphane
Depuis 2008, pour inscrire votre enfant au lycée, impossible de contourner Affelnet, une procédure informatique qui, en fin de troisième, dispatche les élèves dans les lycées du secteur correspondant à leur domiciliation en fonction de barèmes et de critères d’affectation précis. Le recours à un logiciel informatique a été mis en place pour garantir plus de transparence et d’équité aux élèves, mais ce dispositif a tendance à angoisser les parents : ils ont l’impression que l’avenir de leurs enfants est soumis à une machine froide et implacable sur laquelle ils n’ont aucune prise. Mode d’emploi pour maîtriser la mécanique Affelnet.
Des critères d’évaluation variables selon l’académie
En avril, le collège vous remet une feuille de voeux à remplir. Vous pourrez classer par ordre de préférence de 3 à 8 établissements selon les académies. Parmi eux, il est impératif de mettre au moins un lycée correspondant à votre secteur géographique. Cette feuille doit être signée puis transmise au collège, qui saisit vos vœux sur le logiciel Affelnet. Les résultats, consultables sur le site internet de l’académie, tombent fin juin. Pour les élèves qui n’obtiennent aucune affectation parmi leur choix, un second tour d’Affelnet est organisé. Ils doivent prendre rendez-vous avec le proviseur de leur collège pour reformuler leurs voeux parmi les lycées de leur académie qui ont encore des places disponibles. Les rares élèves non affectés au second tour se voient proposer une ultime affectation.
De manière générale, le logiciel trie les élèves selon 3 critères, chacun donnant des points permettant de grimper sur les listes et d’obtenir l’établissement souhaité : les résultats scolaires, la proximité géographique, les critères sociaux (fait d’être un élève boursier ou handicapé). Instauré au niveau national, Affelnet permet cependant à chaque académie de moduler chacun de ces critères d’affectation. Ainsi, dans l’académie de Paris, les résultats scolaires comptent pour 600 points, quelle que soit la seconde visée, alors que d’autres, comme l’académie de Versailles, ne prennent en compte les résultats scolaires que pour les secondes à recrutement limité. Pour les autres secondes, seuls la proximité géographique et les critères sociaux font gagner des points. Vous devez donc vous renseigner auprès de votre académie pour savoir quels sont ses critères d’affectation.
Par ailleurs, le choix des langues, des options et des enseignements d’exploration n’est pas pris en considération par le logiciel. Autrement dit, votre enfant n’obtiendra pas un établissement parce qu’il désire faire du russe ou une option cinéma. Enfin si votre enfant vient du privé, sachez que sa demande sera traitée une fois que tous les élèves du public auront trouvé place. Il n’aura donc aucune chance de rentrer dans les établissements très demandés du secteur. Donc si vous souhaitez faire basculer votre enfant d’un collège privé vers un lycée public, mieux vaut l’inscrire dès la troisième dans le public…
Un jeu de domino dans les grandes villes
Pour ce qui est des résultats scolaires, le logiciel prend 11 notes de contrôle continu du brevet dans 11 matières. Cependant le logiciel confronte les notes de l’élève aux résultats obtenus au brevet par l’ensemble du collège l’année précédente. Cela permet de ne pas favoriser les élèves qui viennent d’établissements qui notent large et de ne pas pénaliser ceux qui viennent d’établissements qui notent sec. A Paris, la carte scolaire étant très souple (4 districts), les résultats scolaires sont déterminants. Le logiciel répartit les élèves en fonction de leur niveau : les meilleurs élèves sont pris en premier, les autres sont redirigés automatiquement vers leurs voeux suivants, où à nouveau les meilleurs élèves sont pris en priorité et où les autres sont alors redirigés vers leurs vœux suivants. Et ainsi de suite jusqu’au dernier choix.
C’est pour cela qu’il vaut mieux être réaliste au moment où l’on élabore sa liste de vœux : inutile de viser trop haut si l’on n’a pas le niveau demandé. Si votre enfant n’a pas une moyenne générale supérieure à 15, évitez de mettre en premier choix des lycées tels que Condorcet, Charlemagne ou Janson-de-Sailly. Non seulement il ne les obtiendra pas, mais il se retrouvera en fin de liste dans son deuxième choix. En effet, pour remplir un lycée, le logiciel choisit en priorité le dossier des élèves qui l’ont pris en premier vœux. Bénédicte raconte les tribulations de sa fille Suzanne en fin de troisième : « Son premier choix était Condorcet, son deuxième Racine, son troisième Jules Ferry, etc. jusqu’à son dernier, Lamartine. Elle n’a pas obtenu Condorcet parce que, même si elle était très bonne élève, elle n’avait pas d’assez bons résultats au vu de la compétition qui règne dans ce lycée. Le logiciel l’a alors redirigée vers Racine, qu’elle aurait pu obtenir au vu de ses notes si elle l’avait pris en premier vœu. Mais, comme elle est arrivée après tous les élèves qui l’ont choisi en premier vœux, il n’y avait plus de place pour elle. Et ainsi de suite jusqu’à son dernier choix, où elle a été finalement acceptée mais qui représentait pour elle la moins bonne option. Elle l’a vécu comme une catastrophe ! » Cependant la course au bon lycée a ses limites : un élève peut très bien s’épanouir et réussir dans un lycée qui a mauvaise réputation tandis qu’un autre peut se retrouver en situation d’échec dans un lycée prestigieux. Ainsi, Suzanne a tiré parti de son affectation à Lamartine : « Elle s’est totalement épanouie dans une section L avec option art. Le lycée Lamartine n’est pas très coté mais son option art plastique est très dynamique. Et comme Suzanne était une des meilleures élèves de sa classe, elle a pu intégrer une Manaa (mise à niveau en arts plastique) publique, dont les places sont extrêmement limitées. L’année prochaine, elle vise les Arts décoratifs. »
Une carte scolaire difficilement contournable
Vous pouvez bien sûr demander un lycée qui ne correspond pas à votre secteur, mais votre enfant passera après tous les élèves qui dépendront de ce secteur. Si l’établissement qu’il convoite est très demandé, il y a peu de chance qu’il puisse l’intégrer. Mieux vaut alors viser le bon lycée de son secteur. Surtout nombre d’académies ne prennent que des élèves domiciliés dans leur académie. C’est le cas de Paris depuis la rentrée 2015, comme l’a découvert Sophie. « Nous habitons Pantin, à 3 minutes du boulevard périphérique, mais mon fils ne peut absolument pas prétendre à un lycée parisien. Seulement à un lycée de l’académie de Créteil, dont dépend la Seine-Saint-Denis. J’ai alors voulu le domicilier chez sa tante, qui vit à Paris. Mais l’hébergement chez une personne autre que le représentant légal n’est pas accepté. Au final, acculés, nous nous sommes résolus à mettre Guillaume dans le privé, à Paris… » Paradoxalement seuls les lycées du quartier latin Henri-IV et Louis-Le-Grand recrutent inter-académie sur dossier : il faut envoyer les bulletins trimestriels ainsi qu’une lettre de motivation au proviseur avant la fin du mois de mars. Enfin certaines classes recrutent les élèves dans toute la France : il s’agit des classes binationales et des sections internationales ; des sections arts, musique, danse, sport… L’admission se fait alors sur dossier scolaire, lettre de motivation et test de niveau. La liste de ces classes est consultable sur les sites des académies.
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